J16 / mercredi 11 mai 2016 / Paso de Jama

Salta est sous la pluie lorsque nous montons dans notre bus Pullman à 2 étages au terminal ce matin. Heureusement que nous partons. Les 1ers kilomètres se font sous la pluie et dans le brouillard mais dès que nous prenons de la hauteur, le ciel se dégage. Ce sont 10h de voyage sans arrêt qui sont prévus. Mais les sièges sont confortables et de temps en temps on nous distribue un plateau repas. On ne manque de rien d’autant plus que Ricardo nous a muni d’un panier picnic fort bien garni avec des fruits et des gâteaux maison.

Nous traversons des zones très arides, notamment celle des Salinas grande, où l'on récolte le sel.

Nous arrivons enfin vers 15h au poste de douane de la frontière argento-chilienne, le Paso de Jama, 4700 mêtres d’altitude, le Mont Blanc quoi. Le passage à la douane est long et compliqué : il faut d’abord se faire tamponner les passeports par les 2 pays puis il faut sortir tous les bagages du bus pour les passer individuellement aux rayons X. Tout cela dans une grande désorganisation, pas un mot d’anglais, un froid glacial et un vent qui souffle à décorner les boeufs.

C’est là que ça se complique. Nous patientons près d’une heure pour former un convoi avec un autre bus et une dizaine de voiture plus 2 motos pour continuer la route. Il nous faut suivre une voiture balise tous ensemble pour franchir ce col dont le point culminant est à 4700 mètres. Et bien vite, nous comprenons pourquoi. Le vent balaye la montagne et forme des congères de neige sur la route. Pour les 1ères tout va bien, on prend des photos pour profiter du spectacle. Puis bien vite, cela devient bien moins drôle, nous avançons à une allure d’escargot, notre heure d’arrivée à San Pedro d’Atacama est depuis longtemps dépassée et le bus a de plus en plus de mal à avancer. On croise un camion dans le fossé, et subitement, on n’avance plus tout tout, notre bus qui est en tête de file patine et est coincé dans une congère. Le temps passe, les heures défilent mais nous ne perdons pas espoir. Une déblayeuse arrive et nous dégage une voie parrallèle. Les hommes sont réquisitionnés pour pousser le bus, puis une machine arrive pour le pousser et le tirer, de quelques mètres tout au plus, mais nous n’avançons toujours pas. La nuit tombe et nous sommes toujours coinçés à 4500 mètres d’altitude. Pour l’instant le moral est bon, nous lions connaissance avec nos voisins. Un franco-colombien bien utile pour nous traduire en français les rares renseignements qu’on peut avoir sur notre situation, une famille de chiliens qui nous offre des feuilles de coca à chiquer pour calmer le mal d’altitude en échange de paracétamol contre le mal de tête. Et puis tout doucement, le froid s’installe, la mal des montagnes atteint quelques passagers qui souffrent de maux de tête et de nausées. On sort la bouteille d’oxygène pour aider certains. Pour nous tout va bien, même si Jacqui a aussi besoin de quelques bouffées pour se remettre d’aplomb. Les vitre du bus sont gelées, même à l’intérieur les rideaux collent aux vitres et le froid commence à s’installer. Pour nous au 1er étage, il fait encore bon, alors qu’en bas, il faiit vraiment très froid. Il fait moins 2° dehors. Vers 20h, on nous annonce que le bus ne pourra plus bouger car une partie du moteur est gelée et que l’armée va nous envoyer des véhicules pour nous évacuer. Mais ils ont 200km de route à faire pour nous rejoindre. Vers 2h du matin, enfin, de premiers véhicules évacuent 14 personnes parmi les plus mal fichues.

Enfin, à 4h du matin, un impressionnant convoi nous rejoint. Samu, pompiers, armée, tout ce beau monde évalue les dégâts et fait le tri parmi les priorités. Bracelets rouges pour ceux qui partent en ambulance, jaunes avec les pompiers et verts comme nous avec l’armée. Nous partons pour notre part dans la dernière camionnette tout terrain et mettons encore 1h à rejoindre San Pedro. Heureusement, ils ont pris nos valises aussi.